Couverture QDA

I don’t like the sea
Émilie Bazus & Zoé Rumeau

Passé : 22 novembre 2018 → 5 janvier 2019

ZOÉ RUMEAU

« Regardons les, ces migrants, sur le pont des navires, couchés sur le sol, brûlés par le soleil, desséchés par la soif et la faim, regardons les. Ils ne nous sont pas étrangers. Ils ne sont pas des envahisseurs. Ils sont nos semblables, ils sont notre famille. »

J.M.G Le Clézio

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Zoé est allée à la rencontre de ces frères et sœurs aux mille blessures. Les sens aiguisés, tendus vers le désir d’une rencontre. Porter un regard sur des êtres maltraités pour espérer, peut-être, un peu, tracer les lettres de l’accueil aux frontons de nos abris.

C’est avec l’arme de la langue qu’elle s’est d’abord lancée. Enseigner le français. Permettre le début d’une communication. Construire un socle , un pont fragile pour commencer la fondation.

Puis nous avons parlé de mémoire et d’empreintes, dans ce lieu de transition, petites cabanes d’accueil qui voient passer les femmes, les hommes et les enfants à Ivry, le temps de la « primo-arrivée ». Un point sur le chemin. Sûr et calme.

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Zoé rumeau, I don’t like the sea 1, 2018Fusain et pierre noire, craie blanche, broderie de fils d’or — 63 × 83 cmCourtesy of the artist & Galerie Laure Roynette, Paris

Quel est-il ce long chemin ? Face à quelles terribles épreuves nos frères et sœurs ont ils déployé des trésors d’instinct de survie ?

Arriver c’est laisser une empreinte. Tisser des liens. Zoé s’est faite portraitiste, brodeuse, petite main observatrice, humble et finement curieuse.

Car ces fameux « migrants » qui frappent à nos portes, alourdis frontières après frontières de plus de chaînes, de cordes et d’entraves, ces compagnons de survie, ce sont nos reflets dans les eaux troubles des guerres et des famines. L’asile tant espéré, nous le leur devons car nous sommes reponsables.

Que ferions nous ? Qui serions nous à leur place ?

Vers quels eldorados chercherions nous la fuite ? Sous quels abris cacherions nous nos enfants pour échapper aux bombes ?

Zoé a tracé un monde de traits de charbon et de fils d’or. Elle a sculpté les mains tendues et scruté les regards lourds. Pour leur donner une voix, un corps et éveiller nos consciences

Oui regardons les, engageons nous à les regarder comme nos propres reflets dans nos miroirs : avec dignité.

Gabrielle de Preval Coordinatrice socio-culturelle CHU d’Ivry /Emmaüs Solidarité

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ÉMILIE BAZUS

CABANES CALAIS

Habiter c’est juste se couvrir la tête, s’isoler d’un sol boueux et froid, quelques centimètres au-dessus de la terre humide et un carré de plastique pour se protéger, se désolidariser du ciel. Ne pas se retrouver surpris et trempé par la pluie, transi sans doute, mais au moins sec, les vêtements secs, la photo de famille cornée mais intacte dans la poche arrière du jean, les quelques dizaines d’euros froissés en boule dans la poche poitrine, rester sec, ne pas se sentir souillé par la pluie acide de Calais, une pluie, ils ne le savent pas encore, qui les poursuivra jusque de l’autre côté de la Manche. (…)

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Emilie Bazus, Anonyme VII, 2018Huile sur toile — 46 × 62 cmCourtesy of the artist & Galerie Laure Roynette, Paris

Ils vivent dans les bois, ils vivent dans des cabanes en espérant. C’est là que logent les exilés, des journées entières dans les arbres, dans les ronces, dans la merde et les ordures. À attendre de passer de l’autre côté, du bon côté –- si seulement.(…)

Ce qu’ils appellent jungle est un maquis de broussailles, ronces, orties, arbrisseaux, plantes griffantes, urticantes, bouleaux pelés, arbres chétifs et carbonisés par les effluves toxiques, lierre et mousse oxydés, végétation indéfinissable, tapis de feuilles mortes, mortes toute l’année, le printemps n’arrive pas jusque là, ne traverse pas l’autoroute.(…)

Les cabanes sont couvertes de cartons plats, de plastiques transparents, noirs épais, bleus piquetés, verts enduits, de sacs de gravats découpés et dépliés, de couvertures bariolées, parfois un carré de tôle ondulée. Empilements de branchages et de toiles pour se calfeutrer et créer un peu d’obscurité. De grosses pierres, des pneus retiennent au sol les bâches contre le vent. (…)

Les abris sont infestés de puces, les épidémies de gale se propagent d’un campement à l’autre, de nationalité en nationalité ; on se dit qu’on n’est là que pour quelques jours, quelques semaines, qu’on se soignera en Angleterre. Ces cabanes sont des trous noirs, des béances, abris en lambeaux pris dans les branchages comme une toile de parachute déchirée et laissée là par un soldat blessé dans sa chute, parti chercher du renfort en boitant.

Début janvier, une fine pellicule de neige couvre le bois et, la nuit, les cabanes éclairées par les feux de camp sont comme des tentes de Bédouins dans le désert, à peine dissimulées par l’enchevêtrement d’arbres clairsemés ; des pans de tissus et de couvertures colorés retombent comme des rideaux de théâtre. Les cabanes s’allument et ce sont des feux follets, des lampions doucement battus par la brise du soir, des balises de détresse, des spots de couleurs dans l’indistinct vert-de-gris des sous-bois ; au dessus passent des lignes à haute tension. L’oeil un instant apaisé se fixe passivement sur cette couverture orange éclairée par les flammes, y voit quelque chose de l’ingéniosité humaines qui empiète sur la détresse. Des ombres qui s’animent, ça bouge dans les cabanes où l’on se tient courbé, mais quand même on se tient, presque à hauteur d’homme.

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Emilie Bazus, Anonyme X, 2018Huile sur toile — 130 × 162 cmCourtesy of the artist & Galerie Laure Roynette, Paris

Et puis le jour se lève, la neige a tourné en boue grise et collante, les abris à nouveau se fondent dans les décharges sauvages qui colonisent les bois, on ne veut plus croire que ces cabanes sont habitées, perdues au milieu des détritus elles y ressemblent, échouées comme des radeaux emmenées là par une tempête sauvage, une mer démontée, de ces mers que prennent les exilés pour une vie meilleure. Le sol est jonché de bouteilles et sac plastique, de boîtes de conserve vides et rouillées, d’emballages divers, de vêtements déchirés et rigidifiés par la crasse, abandonnés là après avoir été imprégnés de gaz lacrymogène. (…)

Ils ont traversé en clandestins nombre de frontières, n’ont jamais ralenti le pas, ont buté contre un bras de mer fondu dans le brouillard, le dernier passage, ralentis par les broussailles des bois du Nord dont ils tentent de se dépêtrer chaque nuit ; c’est ce soir qu’ils s’arrachent, c’est décidé c’est ce soir, à bord d’un camion de marchandises hollandais, chargé de fruits et de fleurs, son chauffeur est négligent ou bien complice, trente kilomètres et laisser derrière soi la pourriture d’une vie de terreur et de faim qu’aucune habitation, si décente soit-elle, ne saurait apaiser.

Extraits de « Gros œuvre » de Joy Sorman, publié en 2009 chez Gallimard.

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Sans tête / No head
Exposition de Emilie Bazus, Laurence Kiberlain et Zoé Rumeau

Passé : 1 → 26 février 2017

« Sans tête / No head » a été choisi en référence aux travaux de Douglas Harding, philosophe du XX ème siècle. La vision Sans Tête est une voie de connaissance de soi initiée par Douglas Harding. Le but de cette voie est de nous permettre de répondre à la question : « Qui suis-je ? ». Quelle est notre vraie nature ? Quelle est notre vraie identité ? Cette méthode consiste à s’éveiller à sa vrai nature, à ce que nous sommes vraiment, au-delà des apparences, des croyances et des certitudes sociales.

Pour cela Douglas a mis au point un ensemble d’expériences très simples et directes qui permettent de répondre à la question « Qui suis-je ? » et de réaliser enfin ce que nous sommes. Ces expériences s’appuient essentiellement sur la vision, sur le VOIR car c’est par l’attention à ce qui est donné sans l’expérience de notre véritable identité. Grâce à ces expériences, nous voyons en effet que nous sommes sans tête, grand ouvert, vide pour recevoir le monde des formes et des couleurs. Nous ne sommes pas ce que nous croyons être mais un Espace d’accueil.

« Le plus beau jour de ma vie, ma nouvelle naissance en quelque sorte, fut le jour où je découvris que je n’avais pas de tête » « J’avais perdu une tête et gagné un monde ».

Douglas Harding

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Depuis toujours Emilie Bazus peint, dessine des personnages sans tête parce qu’elle sait que faire abstraction de la tête qui souvent focalise le premier regard permet d’exprimer d’autres facettes des personnages, de l’histoire, de percevoir encore plus fortement certaines émotions.

Zoé Rumeau, sculpteur, déplace les têtes, les recrée pour en faire des amoncellements ou des trophées poétiques. Toutes deux questionnent notre apport à la tête mais aussi à l’esprit, au spirituel.

Laurence Kiberlain est autodidacte. Elle a d’abord été agent de comédiens pendant quinze ans.
Commence à dessiner par besoin, une façon pour elle d’exprimer ses idées obsessionnelles, ses sentiments. Elle utilise le feutre, tous ses traits sont construits de petits « ronds » accrochés les uns aux autres qui forment des liens.
Dans la série « perdre la tête »  ces mêmes « ronds »  remplacent les visages, les expressions, et laissent une plus grande liberté à chacun de s’approprier ce que raconte les œuvres.

BIBA Magazine

Art contemporain : Qui sommes nous sans notre tête ?

3 artistes se questionnent et expriment leur vision sans se prendre la tête. Etonnant !

 

Que se passe -t-il, si je fais abstraction de ma tête ? Puis-je alors exprimer d’autres facettes de ma personnalité et percevoir d’autres émotions ?

Qui suis-je ? Quelle est ma vraie nature ? au-delà des apparences, des croyances et des certitudes sociales ?

Que se passe -t-il, si je fais abstraction de ma tête ? Puis-je alors exprimer d’autres facettes de ma personnalité et percevoir d’autres émotions ?

Qui suis-je ? Quelle est ma vraie nature ? au-delà des apparences, des croyances et des certitudes sociales ?

La vision Sans tête serait une voie de connaissance de soi initiée par le philosophe du XX siècle Douglas Harding qui permettrait de répondre à ces questions…

En tout cas, la Galerie Laure Roynette à Paris, expose le travail de 3 artistes Emilie Bazus, Laurence Kiberlain et Zoé Rumeau qui se posent la question du rapport que nous entretenons avec notre tête, en somme avec notre esprit.

Chaque artiste explore à sa manière le fait de ne pas avoir de tête, d’en faire abstraction, de la perdre, ou d’en faire la collection sous forme de trophées…

Tout un programme !

« Le plus beau jour de ma vie, ma nouvelle naissance en quelque sorte, fut le jour où je découvris que je n’avais pas de tête » j’avais perdu une tête et gagné un monde ». Douglas Harding

A vous de voir !

Sans tête/No head

Galerie Laure Roynette, à Paris jusqu’au 26 février 

 

L'express STYLE

Paris Art

ART | EXPO

Serendipity

30 Mai – 19 Sep 2015
Vernissage le 30 Mai 2015

Les quatorze artistes de la galerie rassemblés ont tous leur univers singulier ici intitulé «Serendipity», qui signifie en anglais «faire des découvertes de façon inattendue, découvrir avec surprise de nouveaux objets ou relations sans les avoir cherchés». 

Emilie Bazus, Géraldine Cario, Anne Cindric, Régis Crozat, Marion Davout, Romina De Novellis, Alain Deswarte, François Fries, Noëlle, Monica Sanchez-Robles, Keita Mori, Nicolas Tourte, Clémence Veilhan, Adrianna Wallis
Serendipity

Cette exposition collective réunit 14 artistes de la galerie. Elle s’intitule «Serendipity», ce qui en anglais exprime: «faire des découvertes de façon inattendue. Découvrir avec surprise de nouveaux objets ou relations sans les avoir cherchés».

Le travail de Noëlle puise sa source dans sa pratique de restauratrice. Il s’appuie sur son amour de la maîtrise technique, artisanale, sa connaissance des propriétés de la matière et son désir de retrouver dans l’œuvre la trace du geste de la fabrique. Prendre la feuille de métal carrée comme module de base. Décliner ce module suivant les rythmes et les formes (pleins/vides, carrés/lignes) sur un support préparé suivant les techniques anciennes (poses successives du gesso di Bologna et de la colle de peau de lapin, ponçage, passage de la gomme-laque).

Le travail de Nicolas Tourte questionne avec humour et dérision la place de l’homme dans l’univers. Il traite principalement le caractère cyclique de notre condition humaine et la notion de virtuel. Les représentations auxquelles il nous confronte peuvent se traduire par le corps, le paysage et l’objet. Il convoque installation, sculpture et dessin en privilégiant les outils numériques liés au traitement de la photographie et de la vidéo.

Fascinée par les manifestations du pouvoir et de la force, Anne Cindric cherche à les figurer et leur donner corps pour en montrer les apparences et les failles. Elle mêle différents médias pour représenter tout un monde, ambigu, à la fois cruel et délicat, allant de torses tatoués testostéronnés mais suturés de soie rouge, de chefs d’états à la mode africaine, de héros de fantaisie, de gens de guerre, de colifichets du pouvoir, de productions officielles, aux personnages de jeux vidéos ou de la grande histoire.

L’inspiration de Régis Crozat puise ses fondements dans le lieu investi: à Châtel, ses travaux de recherche sur l’Occident médiéval se sont imposés. Homme de culture, passionné par l’architecture, féru d’histoire et de civilisation médiévale, il crée ses compositions à partir de ses propres dessins et photographies, la nature avec ses paysages constituant une présence de fond. Comme en témoigne son travail depuis 20 ans, l’œuvre invoque souvent la narration.

Depuis dix ans, le travail de François Fries se développe de série en série. Chaque série reste ouverte, tel qu’un livre inachevé et où l’on peut toujours y revenir afin d’apporter quelque chose de nouveau. L’idée de sa série intitulée «Les paysages glissants» vient d’une étude lue par l’artiste, autour de la question du temps passé à regarder un tableau: un temps variable déterminé par le lieu (galerie, musée…), et le nombre de tableaux accrochés. «L’œil est d’abord accroché par le spectaculaire, le monumental… Comment une peinture peut-elle alors exister face à des centaines d’œuvres qui attrapent immédiatement tous les regards? Je pense à une peinture simple, on pourrait dire en « retrait », que l’on doit chercher, comme une quête…»

Emilie Bazus oriente son travail vers une peinture figurative inspirée de ses différents voyages en focalisant son regard sur les hommes, femmes et enfants en vêtements traditionnels. Ainsi l’idée phare de son travail est de mettre en lumière la beauté des différences dans un monde qui tend à s’uniformiser. Plus Emilie Bazus avance plus son œil s’est resserré sur des détails, les cadrages sont devenus des gros plans, morceaux de corps et étoffes, corps en morceaux. Ainsi, d’une image figurative elle peut arriver à une composition quasiment abstraite. Dans le même temps, elle s’est concentrée sur le rendu des matières et la saturation de motifs ornementaux des vêtements, ce qui participe aussi à brouiller le regard. Cette vision quasi cinématographique est fait de l’expérience de la photo et du cinéma ainsi que de toutes les images qui nous entourent, images publicitaires, écrans gigantesques…

Romina De Novellis, performeuse italienne, travaille sur le concept du corps en procession installé dans l’espace publique et métropolitain et suivi par le regard des passantes. Le geste est au centre des ses tableaux vivants. L’artiste veut représenter comment un état de transe, d’aliénation et de folie peuvent se manifester sur le corps surtout dans des conditions humaines précaires et aux marges de la société (liées au travail, aux relations sociales et familiales). Femmes, Saintes, Filles, Icônes de la vie quotidienne … les protagonistes du travail de Romina De Novellis viennent de l’anthropologie et de l’ethnomusicologie et deviennent un message social.

Plasticienne, photographe, Géraldine Cario possède une histoire lourde de sens qui a trait à la période la plus sombre de l’histoire. Au gré du temps, l’artiste a construit une œuvre unique sur la mémoire et la transmission avec une pudeur et un art de saisir l’instant dans le révolu, le futur sans conditions et le passé comme objet pour avancer.

Marion Davout tente de restituer l’étrange alliance de la ruine et de la somptuosité. A travers ses images de palais ou de maisons juste abandonnées, où la vie quotidienne est encore sensible, presque chaude dans des détails maintenant dérisoires, elle approfondit le fais silence qui s’est installé, l’envahissement de la végétation, immense et rapide, rapace, insolemment conquérante du vide à peine laissé.

La difficulté d’éliminer les pensées qui contaminent les choses de leur signification constitue la base même des œuvres d’Alain Deswarte: entre naturalisme et terreur, il nous initie à l’éveil de la perte et de l’absence à travers un regard intempestif et sombre. Alain Deswarte possède le privilège de discerner et nous montrer l’inapparent, dans cette course sans fin pour maîtriser l’œuvre du temps, le changement, la destruction.

Adrianna Wallis présente Confettis pour Adieux. Cette œuvre commence par la performance de l’artiste et de plusieurs volontaires qui lancent en l’air des poignées de confettis en porcelaine. Ce rituel est présenté comme une opportunité pour célébrer leur détachement d’avec une pensée pesante et noire. Le rituel, qui oblige également à écraser de ses pas les confettis sur son passage, matérialise la fin de cette pensée.

Marion Davout et Emilie Bazus
Fairy Tales

Passé : 17 mai → 12 juillet 2014

Marion Davout et Emilie Bazus sont à la galerie Laure Roynette pour leur collaboration Fairy Tales.

Marion Davout peint des forêts vertigineuses par-dessus des murs et des ruines, des escaliers disparus, des rambardes affaissées ou partielles. Puis des feuillages, des palmes ou des bouquets troubles de feuilles, des plantes épiphytes. Comme deux vitres qui glissent l’une sur l’autre, coulissantes, comme des décors rapprochés par la magie d’une intrigue — mais nous avons oublié l’intrigue, les héros sont perdus : il n’y a personne, que ce glissement silencieux des mondes clos. Premier acte.

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Emilie Bazus, Robe 1, 2013Huile sur toile — 110 × 75 cmCourtesy of the artist & Galerie Laure Roynette, Paris

Viennent alors les œuvres d’Emilie Bazus et ses personnages en fuite, courant vers des bals abandonnés, tournant le dos pour plonger dans l’intrigue. Elle nous propose une vision de la figure fragmentée, anonyme, insaisissable ; des gros plans, cadrages serrés, morceaux d’étoffes et de corps, de colliers grouillants et chatoyants, d’ornements rituels. Ces gros plans deviennent à leur tour paysages abstraits, histoires inachevées qui nous questionnent sur le merveilleux et l’inquiétant.

Paris Art

ART | EXPO

Fairy Tales

17 Mai – 12 Juil 2014
Vernissage le 17 Mai 2014

Marion Davout, Emilie Bazus: dialogue entre deux univers de peintres. L’une peint des forêts vertigineuses, troublantes et désertées. L’autre nous propose une vision de la figure fragmentée par des gros plans. Ces cadrages serrés deviennent à leur tour paysages abstraits, histoires inachevées qui nous questionnent sur le merveilleux et l’inquiétant. 

Marion Davout, Emilie Bazus
Fairy Tales

Marion Davout peint des forêts vertigineuses par-dessus des murs et des ruines, des escaliers disparus, des rambardes affaissées ou partielles. Puis des feuillages, des palmes ou des bouquets troubles de feuilles, des plantes épiphytes.

Comme deux vitres qui glissent l’une sur l’autre, coulissantes, comme des décors rapprochés par la magie d’une intrigue — mais nous avons oublié l’intrigue, les héros sont perdus: il n’y a personne, que ce glissement silencieux des mondes clos. Premier acte.

Viennent alors les œuvres d’Emilie Bazus et ses personnages en fuite, courant vers des bals abandonnés, tournant le dos pour plonger dans l’intrigue. Elle nous propose une vision de la figure fragmentée, anonyme, insaisissable; des gros plans, cadrages serrés, morceaux d’étoffes et de corps, de colliers grouillants et chatoyants, d’ornements rituels. Ces gros plans deviennent à leur tour paysages abstraits, histoires inachevées qui nous questionnent sur le merveilleux et l’inquiétant.

Plus Emilie Bazus avance, plus son œil s’est resserré sur des détails, les cadrages sont devenus des gros plans, morceaux de corps et étoffes, corps en morceaux. Ainsi, d’une image figurative elle arrive à une composition quasiment abstraite. Dans le même temps, elle s’est concentrée sur le rendu des matières et la saturation de motifs ornementaux des vêtements, ce qui participe aussi à brouiller le regard.

Cette vision quasi cinématographique est fait de l’expérience de la photo et du cinéma ainsi que de toutes les images qui nous entourent, images publicitaires, écrans gigantesques…

Artefields

Emilie Bazus fragments et monumentalité

 
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Dans l’oeuvre d’Emilie Bazus On pourrait y voir un fragment de Piero Della Francesca, Massacio, ou Giotto, voire Balthus (grand admirateur du Quattrocento).

Emilie Bazus ou le détail et ses monuments

Emilie Bazus dans quelques unes de ses œuvres rappellent dans une certaine mesure l’art des fresques du Quattrocento.  On pourrait y voir un fragment ou un détail d’œuvres telles que celle de Piero Della Francesca, Massacio, ou Giotto, voire Balthus (grand admirateur du Quattrocento).

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En effet les  cadrages serrés, les mouvements figés et la géométrie des figures, tissus empesés et objets aux contours fortement stylisés, donnent à l’ensemble un aspect monumental, en partie du à l’absence d’échelle précise.

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©Emilie Bazus. Courtesy galerie Laure Roynette. Courtesy Maison des Arts de Créteil/

En outre les formes sont souvent soulignés de blanc indiquant l’irisation d’une lumière hors cadre sur un fond neutre, sombre et parfois terreux qui soulignent encore davantage l’architecture du tableau. Paradoxalement cette monumentalité n’annule pas une dynamique très puissante en raison d’une composition très étudiée où diagonales et verticales se contredisent en des mouvements croisés. Un travail très prometteur à suivre de près.

Critique d’art pour le Weiterbildungszentrum, Centre d'Art Contemporain Norden, Allemagne.

Émilie Bazus s’intéresse  tout particulièrement aux tissus, matières, et aux motifs ornementaux.

           Les tissus qui enrobent les corps,les vêtements, drapés, à travers lesquels s’expriment le corps humain et ses mouvements, ont toujours suscité l’intérêt des artistes. L’histoire de l’art depuis l’Antiquité en passant par la renaissance, Botticelli, Raphaël, Leonard de Vinci…Jusqu’aux temps modernes Ingres, Matisse…Pour ne mentionner que ceux-là est parallèle à une histoire du vêtement.

            Les tableaux d’Emilie Bazus sont différents, car le tissu dans son expression devient un objets esthétique, porteur de l’expression esthétique en tant que tel.

            Le corps couvert par ces tissus n’est jamais représenté dans son entier. Seule une partie du corps l’intéresse, les étoffes laissent ainsi apparaître une poitrine, les bras ou les mains…

           Ainsi notre regard est attiré d’une façon magique vers un décolleté, le spectateur perçoit avec ses sens la fluidité et la souplesse des soies, les bruits des crépons, les volumes souple et chaud de la laine. Aux matières sont associés des motifs riches et prodigieux, des broderies fines, dorées ou multicolores…

            L’artiste peint sur des fonds sombres ainsi les couleurs /se dégager de façon mystérieuse et précieuse de l’obscurité, couvrant les corps qui s’y cachent ne laissant apparaître qu’une mains fine et élégante…

            L’artiste a réalisé ces œuvres à la suite de différents voyages en Afrique et en Inde. Elle y a observé les hommes et les femmes en mouvement et a vu la lumière de ces pays briller sur leurs vêtements.

            Émilie Bazus maîtrise son art avec un regard extraordinairement virtuose et affirmé. Je prendrais pour exemple la toile qui s’intitule « adolescent » : au premier abord un vêtement simple avec des rayures, mais, dès les premiers instants, on ressent  une fascination toute particulière, peu a peu les couleurs vivent sur les épaules de l’homme à travers les plis du tissu. Elle communique avec les reflets de la matière noble de telle sorte que l’ensemble a l’air de bouger, de vivre, un corps vivant. Il est à noter le contraste entre les matières lisses et  fluides du corps et le lin brut. Une petite touche de rouge au niveau du col crée le lien avec les reflets rouges du motif.

             Le regard du spectateur est attiré par ces tableaux, on ne s’en lasse pas. Une aura toute particulière voir étrange émane de ces tableaux qui nous fascines d’une façon unique, étrange, mystérieuse comme un secret.